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Une éducation différente pour les filles et les garçons?

Sans partir dans de grands discours féministes, j'aimerais aborder le sujet des différences d'éducation entre les filles et les garçons.


Préambule


On ne peut clairement nier qu'il existe des différences biologiques entre les deux catégories socialement admises "Femme" et "Homme". Il existe effectivement deux catégories d'organes génitaux (bien que tous les sexes soient différents) et différents types d'hormones qui circule dans nos corps expliquant les différences visibles. Le gros problème dans ces catégories c'est que de nombreuses personnes sont laissées de côté sous prétexte qu'elles ne correspondent pas à ces "normes" (les personnes transgenres, les personnes nées avec les deux sexes, les personnes ayant des dysfonctionnements hormonaux amenant des caractéristiques physiques en inadéquation avec leur sexe civil comme par exemple les femmes à barbe, les personnes dites non-binaires, ...). Bon nombre d'exemples de personnes qui ne se sentent pas représentées par ce système et dont la société cherche à "soigner" coûte que coûte. Ainsi pour les enfants nés avec les deux sexes on incite les parents à les faire opérer pour qu'il rentre dans une case, pendant très longtemps le changement de sexe à l'état civil était conditionné à une transition médicale très lourde.


On pourrait même pousser le raisonnement à dire que ce qui fait qu'une femme est une femme c'est qu'elle porte la vie contrairement à un homme. Ce qui serait fort dommageable puisque certaines personnes se reconnaissent plus dans le genre masculin alors même qu'elles possèdent des organes génitaux permettant de porter la vie tandis que certaines personnes du genre féminin n'ont pas cette capacité due à une cause d'infertilité.


Expérience personnelle


Ce type de pensée sociale amène de très nombreuses inégalités. Nous ne rentrerons pas plus dans ce débat si controversé sous peine de passer des heures à essayer de catégoriser des personnes dans des catégories qui ne sont au final que des constructions sociales. Ce qui nous amène au réel sujet de cet article. Les parents ont tendance à éduquer leurs filles et leurs garçons de façon différente et cela même sans s'en rendre compte.

J'ai été élevée dans une famille où les vieux clichés de l'homme et de la femme n'ont pas lieu d'être. J'ai toujours vu mon père repasser ou cuisiner. Quant à ma mère, séparé de mon père très tôt, elle a toujours su se débrouiller au niveau du bricolage. Pour autant, en grandissant, j'ai constaté de légères différences d'éducation entre mon frère et moi. Ce n'est pas quelque chose qui m'a porté préjudice ni même choqué. Je ne suis pas non plus dans le jugement vis-à-vis de mes parents, je désire juste rapporter des choses anodines qui doivent avoir lieu dans bon nombre de familles.


Lorsque j'ai atteint un certain âge mes parents ont considéré qu'il était important pour mon développement de m'impliquer dans les tâches ménagères du quotidien. Je n'étais pas devenue Cosette non plus, et loin de là, mais petit à petit on me confiait des petites tâches comme faire chauffer certains aliments, étendre le linge ou passer l'aspirateur dans ma chambre. Rien de bien méchant, rien de bien traumatisant. J'ai même trouvé que par rapport à certains enfants je faisais partie des privilégiés. Cependant lorsque mon frère a atteint cet âge-là, on a été plus hésitant à lui confier ce genre de tâches. On le considérait comme trop petit. Était-ce une différence liée à notre genre ou à notre place d’aîné et de cadet dans la fratrie? Une autre chose m'a interpellée. Adolescente je désirais sortir avec mes amies. Mes parents ne m'ont jamais encouragé dans cette voie, au contraire ils m'ont fait comprendre leur inquiétude vis-à-vis du danger que représentaient ces sorties (très occasionnelles). À l'adolescence de mon frère, ce dernier n'était pas trop intéressé par les sorties. Cela a quelque peu préoccupé mes parents qui le poussait à sortir un peu plus quitte à aller le rechercher au petit matin. Quel intérêt pour moi de vous raconter ces petites anecdotes? Eh bien, je souhaite vous montrer par là à quel point les clichés sur les filles et les garçons sont ancrés dans les mentalités. Sans le savoir mes parents favorisaient mon côté fragile et inquiet de jeune fille. Pour eux, je risquais de me prendre un mauvais coup lors de bagarres causées par des fauteurs de troubles mais mon frère ne risquait certainement pas cela.


Repenser son éducation


Il existe certains clichés dans lesquels nous avons été baigné et qui finalement se sont intégrés dans notre subconscient. Pour lutter contre cela c'est très compliqué. Il faut toujours se remettre en question. Est-ce vraiment très grave si mon fils joue à la poupée? En y réfléchissant c'est important pour lui aussi puisque peut-être un jour il sera père, et même, en attendant, si je décide de lui donner un petit frère ou une petite sœur la délicatesse qu'il aura apprise en jouant à la poupée lui sera utile. Mon petit garçon a tout autant le droit de jouer avec des jouets de "filles" que sa sœur, il a le droit d'aimer le rose, il a le droit d'apprendre avec moi à s'occuper des tâches de la maison, ...

Si je parle essentiellement des petits garçons c'est parce que la société semble considérer qu'une petite fille jouant aux petites voitures est plus acceptable qu'un petit garçon jouant aux poupées. Serait-ce lié à la peur que cela influence la sexualité de votre enfant? Si la société a fait des progrès en matière d'acceptation de l'homosexualité on constate encore que les couples homosexuels féminins sont plus largement acceptés (voire même érotisés) que les couples masculins. Sachez que votre enfant a le droit d'avoir accès à n'importe quelle activité, jouet ou tâche ménagère. Cela n'influencera pas sa sexualité mais servira à lui donner des acquits qui l'aideront à se développer. Arrêtez d'avoir plus peur pour vos filles. Ne valorisez pas certains comportements en fonction du sexe. Laissez votre enfant se développer loin de ses clichés pour que la société continue d'évoluer.


Bien sûr vous ne pourrez pas réaliser une éducation complète dans l'indifférence totale du genre. En effet les enfants développent leur identité de genre entre 3 et 5 ans non seulement par l'éducation que vous leur donner mais aussi par les caractéristiques de genre véhiculées par la société. Lorsque l'on voit sa maman faire le ménage, lorsque l'on voit très peu d'hommes sage-femme, lorsque certains jouets ne sont représentés par la publicité que dans le but de plaire à un seul genre, ... Tout cela apporte des informations sur l'identité de genre de l'enfant.

Vous ne pourrez pas tout contrôler mais prenez conscience de cela et essayer de lutter un maximum contre ces clichés pour laisser votre enfant s'épanouir comme il l'entend. Faites leur comprendre qu'il existe plein de possibilités et qu'ils ne sont pas plus ou moins incapables de faire certaines choses que leurs pairs du sexe opposé.


Votre garçon a le droit de pleurer et d'être fragile comme il a le droit d'être le contraire. La plupart des parents se plaignent de comportements de leurs enfants en les justifiant par leur sexe. Par exemple "Mon fils est plus turbulent que sa sœur mais bon c'est normal c'est un garçon!". N'oubliez pas que chaque enfant est différent et que ce sont nos propres préjugés sur le caractère inhérent à un genre qui façonne sa façon d'être et de correspondre à ce que nous attendons d'eux. Aimez-les comme ils sont. Si vous écoutez suffisamment votre enfant, vous verrez que vous apprendrez autant de lui que lui de vous. Grâce à la prise de conscience de chacun peut-être qu'un jour nous verrons plus de femme pompier ou d'homme dans les secteurs éducatifs.

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